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très peuplé, on a réuni quinze kopeks par tête et pour les douze cents habitants on a loué un maître à raison de cent quatre-vingts roubles par hiver. Là, c’est un prêtre qui enseigne, recevant en récompense soit de l’argent, soit de la main-d’œuvre, soit l’un et l’autre. Sous ce rapport la différence essentielle entre l’opinion des paysans et celle des zemstvos, c’est que les paysans, selon les conditions locales plus ou moins avantageuses pour eux, organisent des écoles, meilleures ou pires, mais toujours en faisant en sorte que pas un village n’en soit privé, tandis qu’avec le système des zemstvos la plus grande partie de la population reste sans aucune possibilité de jouir de l’instruction, même dans un avenir très lointain. Quant aux petits villages, qui représentent partout la moitié de la population, l’administration des zemstvos et du ministère agit envers eux très résolument et dit : nous créons une école dans les villages qui ont un local à lui affecter et qui ont réuni l’argent nécessaire pour entretenir un maître qui sera payé deux cents roubles par an. Les zemstvos ajouteront les sommes supplémentaires et l’école sera fondée. Les parents éloignés de l’école pourront y envoyer leurs enfants s’ils le désirent.

Naturellement les paysans n’y envoient pas leurs enfants parce que c’est trop loin, mais ils paient. Ainsi dans le village du district de Iassenky tous paient pour trois écoles mais ce sont seulement