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garanti pour toute l’année, et pour les inspecteurs c’est commode de visiter les écoles pendant l’été. Mais le peuple ne l’entend pas ainsi et son bon sens lui dit que l’hiver les enfants dorment dix heures par jour, c’est pourquoi leurs têtes sont fraîches, que l’hiver les enfants n’ont ni travail, ni amusements et que si l’hiver, il faut étudier un peu plus et veiller, alors avec une lampe du prix d’un rouble et demi et du pétrole pour la même somme, ils auront suffisamment de temps, sans compter que l’été les enfants mêmes sont nécessaires aux paysans et que l’été il y a l’école de la vie qui est plus importante que l’autre. Le peuple dit : puisque nous ne pouvons pas payer un maître toute l’année, il vaut mieux l’augmenter pour les mois d’hiver, ce sera plus avantageux pour lui, et nous trouverons plus facilement un maître pour vingt-cinq roubles par mois pendant sept mois que pour douze roubles par mois pour toute l’année, et pendant l’été le maître trouvera une autre occupation.

Quant à la troisième question, la répartition des écoles dans la province, l’opinion du peuple diffère absolument de celle du Conseil supérieur de l’enseignement. Premièrement, la répartition des écoles, c’est-à-dire leur nombre plus ou moins grand dans une certaine région, quand le peuple lui-même en est le maître, dépend des caractères de la population. Là où le peuple s’occupe le plus d’industrie, où il y a plus de gens vivant côte à côte pour