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par son unité et sa définition précise, mais par la largeur de ses exigences et sa sûreté. Le peuple admet deux sortes de sciences, les plus exactes et celles qui sont immuables : les langues vivantes et les mathématiques. Tout le reste lui semble futile. Je pense que le peuple a parfaitement raison, 1o parce que ces sciences ne peuvent admettre le demi-savoir et l’à-peu-près ; et, 2o parce que leur domaine est immense. La grammaire russe et vieux-slave et le calcul, c’est-à-dire la connaissance d’une langue vivante et d’une langue morte avec leurs formes étymologique et syntaxique et la littérature, puis l’arithmétique, c’est-à-dire la base de toute la mathématique, font un programme scientifique que possèdent, malheureusement, peu de gens des classes instruites ; 3o le peuple a raison parce que, selon ce programme, à l’école primaire il n’apprendra que ce qui peut lui ouvrir toutes les voies du savoir, car il est évident que la connaissance parfaite de deux langues et de leurs formes et, en plus, la connaissance de l’arithmétique, ouvrent entièrement la voie pour l’acquisition de tout autre savoir. Le peuple, comme s’il sentait la fausseté de ce procédé dont il est victime quand on lui propose les déchets de diverses sciences, repousse ce mensonge et dit : « Je n’ai besoin que de savoir une chose : la langue de l’Église et la mienne et les lois des nombres, tant qu’aux autres sciences, si j’en ai besoin, je les apprendrai moi-même. » Ainsi, en