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de Zolotov, les syllabaires de madame Daragan, et tous avaient leurs partisans. N’ayant pas trouvé dans la littérature russe les réponses à ces questions, je me suis adressé à la littérature européenne. Après avoir lu tout ce qui a été écrit à ce sujet, après avoir fait connaissance avec ceux qu’on appelle les meilleurs représentants de la science pédagogique en Europe, non seulement je n’avais pas les réponses aux questions qui m’occupaient, mais je m’étais convaincu que pour la pédagogie comme science, cette question n’existe pas, que chaque pédagogue d’une certaine école croit fermement que les procédés qu’il emploie sont les meilleurs, parce qu’ils sont basés sur la vérité absolue, et qu’il serait inutile de les critiquer. Soit parce que je m’étais adonné à l’œuvre de l’instruction publique sans aucune théorie ni aucun parti pris, soit parce que je ne me contentais pas de prescrire des lois sur la façon d’enseigner, mais devenais moi-même maître dans une école de village perdu dans les champs, je ne pouvais renoncer à cette idée qu’il doit être un critérium d’après lequel on peut résoudre la question : Que vaut-il mieux enseigner et comment ? Faut-il faire apprendre par cœur les psaumes ou la classification des organismes ? Faut-il enseigner d’après la méthode phonétique, d’après l’alphabet emprunté à l’allemand ou d’après le livre de prières ? Un certain flair pédagogique dont je suis doué, et surtout la participation directe et passionnée que