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Je sais que certains pédagogues, enfermés dans leur cercle étroit et théorique, s’imaginent que la lumière ne vient que par les fenêtres, si bien que toute contradiction leur paraît impossible. Je demande à ceux qui pensent ainsi d’observer que cela n’est pour eux qu’une apparence et qu’il en est de même pour ceux d’un autre cercle qui pensent le contraire. Mais parmi la foule d’hommes qui s’intéressent à l’instruction, il existe, comme autrefois, les plus grandes divergences. À cette époque comme maintenant, les uns, en répondant à la question : Que faut-il enseigner ? disaient qu’en dehors de la lecture et de l’écriture les connaissances les plus utiles à l’école primaire sont les sciences naturelles. D’autres disaient et disent encore aujourd’hui que cette étude n’est pas nécessaire, qu’elle est même nuisible ; autrefois comme aujourd’hui, les uns proposaient l’histoire, la géographie, les autres niaient leur utilité ; ceux-ci proposaient la langue slave, la grammaire, l’instruction religieuse, ceux-là les tenaient pour inutiles et attribuaient l’importance principale au développement général. Sur la question : Comment faut-il enseigner ? il y avait comme maintenant des divergences encore plus grandes. On professait les méthodes les plus opposées pour enseigner la lecture, l’écriture, le calcul. Dans les librairies, côte à côte se vendaient les manuels pour apprendre soi-même à lire d’après bouki, az-ba, les leçons de M. Bounakov, les tableaux