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les notions en bas et en haut, deux et trois font cinq, se gardera de le faire.

Ainsi, les causes principales qui nous ont conduits à cette erreur étrange sont : 1o notre ignorance du peuple ; 2o la facilité très séduisante d’apprendre aux élèves ce qu’ils savent déjà ; 3o notre penchant à tout emprunter aux Allemands et 4o la critique de la vieille méthode sans donner de nouvelles bases à l’enseignement. Cette dernière cause a mené les pédagogues de la nouvelle école à ceci : que malgré les différences extérieures considérables entre l’ancienne méthode et la nouvelle, elles sont identiques par leur base et, par suite, par leurs procédés d’enseignement et par leurs résultats.

La base fondamentale de l’une et de l’autre méthode est que celui qui enseigne sait imperturbablement ce qu’il faut enseigner et comment l’enseigner, et cette connaissance, il la puise non dans les besoins du peuple ou dans l’expérience, mais il a décidé une fois pour toutes, théoriquement, qu’il faut enseigner cela de telle façon. Le pédagogue de l’ancienne école que, pour abréger, j’appellerai ecclésiastique, sait absolument qu’il faut enseigner en faisant apprendre par cœur le livre de prières et le psautier et il n’admet aucune modification. De même le maître de la nouvelle école allemande sait fermement, indubitablement, qu’il faut enseigner d’après Bounakov et Evtouchevsky, demander ce que veut dire en haut et en bas, faire un récit sur l’ani-