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ne peut prononcer, d’après la définition même d’Ouchinsky, ou qu’on ne peut prononcer sans être un virtuose, c’est par ces sons que commence l’enseignement de la lecture et de l’écriture d’après les manuels pédagogiques allemands.

Avant, on enseignait les syllabes par cœur, sans aucun sens (c’était mal), pour que la nouvelle méthode soit totalement opposée à l’ancienne on prescrit de ne pas séparer du tout les syllabes, ce qui est absolument impossible dans un mot très long et ce qui, en réalité, ne se fait jamais. Chaque maître, d’après la méthode phonétique, sent la nécessité de laisser l’élève se reposer sur une partie du mot et de le prononcer séparément. Avant on lisait le recueil de psaumes dont le sens très élevé et très profond est incompréhensible pour les enfants (c’était mal). Au contraire, maintenant, on les force à lire des phrases qui n’ont absolument aucun sens, à expliquer les mots les plus connus ou à apprendre par cœur ce qu’il ne comprennent pas. Dans l’ancienne école le maître ne parlait pas du tout aux élèves, maintenant il est prescrit au maître de causer avec les élèves, de leur dire n’importe quoi, mais uniquement ce qu’ils savent déjà ou ce qu’il n’est pas besoin de savoir. En arithmétique, autrefois, on apprenait la définition des opérations, maintenant on ne fait déjà plus les opérations, puisque d’après Evtouchevsky, ce n’est qu’en troisième année qu’on commence la numération et on suppose qu’il faut une