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par des influences extérieures ; 4o que l’esprit ne se fatigue pas. Il est impossible, à n’importe quel âge, de définir le nombre d’heures ou de minutes après lesquelles l’esprit de l’élève est fatigué. Mais un maître attentif a toujours des indices sûrs de la fatigue. Aussitôt que l’esprit est fatigué, faites faire à l’élève des mouvements physiques. Il vaut mieux se tromper et laisser partir l’élève quand il n’est pas encore fatigué que de le retenir quand il l’est déjà. L’obstination, l’abrutissement ne viennent que de là ; 5o que la leçon soit adaptée aux forces de l’élève : ni trop facile, ni trop difficile. Si la leçon est trop facile, l’élève s’occupera d’autre chose et ne prêtera nulle attention ; est-elle trop difficile, ce sera la même chose. Il faut faire en sorte que la leçon retienne toute l’attention de l’élève ; pour cela chaque leçon doit se présenter à l’élève comme un pas en avant dans ses études.

« Plus il est facile au maître d’enseigner, plus il est difficile à l’élève d’apprendre ; plus c’est difficile pour le maître, plus c’est facile pour l’élève. Plus le maître travaille, prépare chaque leçon et tâche de l’adapter aux forces de l’élève, plus il suivra la marche de la pensée de l’élève, plus il provoquera les réponses et les questions de l’élève et plus facilement l’élève comprendra.

« Plus l’élève sera livré à lui-même et aux occupations qui n’exigent pas l’attention du maître, telles que copie, dictée, lecture à haute voix, sans explications, récitation par cœur, poésies, plus grande sera la difficulté pour lui.

« Mais si le maître consacre toutes ses forces à son œuvre, alors il comprendra toujours — non seulement avec plusieurs élèves, mais même avec un seul — qu’il est loin de faire tout ce qu’il faut.

« Malgré ce mécontentement perpétuel de soi-même,