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bougea pas, il paraissait enraciné. Il sauta à bas de son cheval, et de ses deux mains, avec un grand effort, il essaya de soulever le sac. Une sueur de sang ruissela de son front et il ne souleva le sac qu’à la distance d’un cheveu, et lui-même s’enfonça dans le sol jusqu’aux genoux. Alors Sviatogor dit de sa voix haute :

— Passant, dis-moi la vérité vraie, dis-moi ce que contient le sac !

Le passant répondit à ces paroles :

— Ce petit sac contient l’équivalent du poids de la terre notre mère.

Alors Sviatogor s’adressa au passant :

— Et toi-même, qui es-tu ? Comment te nommes-tu ?

À ces paroles le passant répondit :

— Je suis Mikoula, le paysan, Selianenovitch, je suis Mikoula, et notre mère la Terre m’aime.


Soukhman[1].

Chez le bon prince Vladimir on festoyait : on festoyait en l’honneur des boïards, des princes et des nobles chevaliers. Et, pendant le festin, tous se van-

  1. Soukhman est aussi un des héros primitifs. Son nom signifiant le sec, le desséchant, on s’est demandé s’il n’était pas une personnification du soleil d’été ; d’autre part on pourrait le croire un fleuve, si l’on en juge par la dernière phrase de sa byline. (N. du T.)