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moi, sur la table, et je me mis à installer mes vers comme on me l’avait indiqué.

Pendant que je préparais le papier, les vers ayant senti leur nourriture sur la table, se mirent à ramper de ce côté. Je me reculai et essayai de tromper les vers ; mais eux, comme des chiens à qui l’on montre un morceau de viande, se traînaient vers les feuilles, sur le drap de la table, à travers les crayons, les ciseaux et les papiers. Je découpai alors du papier que je criblai de trous avec mon canif, et que je recouvris entièrement de feuilles ; puis je le posai sur les vers. Les vers, rampant par les trous, montèrent tous sur les feuilles, et se mirent aussitôt à manger.

Dès que les autres vers furent éclos, je posai également sur eux un papier garni de feuilles, et tous, passant par les trous, s’empressèrent de manger. Tous les vers s’arrêtèrent ainsi sur les feuilles de papier et rongèrent toutes les feuilles par les bords. Quand ils eurent tout dévoré, ils rampèrent sur le papier, en quête d’une nouvelle nourriture. Je remis alors d’autres papiers percés et couverts de feuilles de mûrier, et ils passèrent sur leur nouvelle nourriture.

Je les avais rangés chez moi, sur une étagère, et quand ils manquaient de feuilles, ils rampaient sur l’étagère, et venaient jusque sur le bord, mais sans jamais se laisser tomber en bas, bien qu’ils soient aveugles. Lorsqu’un ver arrive ainsi près du