Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Tzar consentit et répondit :

« Si vous en avez la force, emparez-vous de la terre de Koutchoum. Seulement, n’attirez point trop de gens de la Russie. »

Dès que les Strogonov eurent reçu la lettre du Tzar, ils envoyèrent leurs commis recruter d’autres gens ; en outre, ils voulurent s’assurer du concours des Cosaques du Volga et du Don. En ce temps-là, une foule de Cosaques habitaient les rives du Don et du Volga. Ils se réunissaient par bandes de deux cents, trois cents, six cents hommes, élisaient parmi eux un hetman, et, montés sur de grandes barques, arrêtaient, dévalisaient les bateaux, hivernant sur la rive, dans quelque bourgade.

Les commis arrivèrent au Volga et demandèrent :

— Quels sont les plus fameux Cosaques ?

On leur répondit :

— Les Cosaques sont nombreux et ne nous laissent pas un moment de repos. Il y a Michka Tcherkachenine, il y a Sari-Azman… Mais le plus terrible, c’est Ermak Timophéitch, l’hetman. Il commande près de mille hommes ; et non seulement le pauvre monde, mais les marchands eux-mêmes le redoutent, et les troupes du Tzar n’osent point se mesurer à lui.

Les commis s’en furent trouver l’hetman Ermak pour le persuader de se rendre auprès des Strogonov. Ermak les accueillit, écouta leurs propos