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puis des mûres. Il leva la tête et aperçut Dina. Elle le regarda en souriant et s’enfuit.

Jiline pensa :

— Si Dina pouvait m’aider à fuir.

Il nettoya un petit espace, ramassa de l’argile et se mit à modeler des poupées. Il fabriqua des hommes, des chevaux, des chiens et se dit :

— Quand elle viendra, je les lui jetterai.

Dina ne vint pas le lendemain. Mais Jiline entendit un bruit de chevaux ; il vit les Tatars réunis près de la mosquée et discutant avec animation. Ils parlaient des Russes, Jiline entendit la voix du vieillard. Il ne distingua pas nettement de quoi il s’agissait, mais il devina que les Russes n’étaient pas loin et que les Tatars discutaient pour la défense du village et étaient embarrassés de leurs prisonniers.

Tout à coup, le bruit de la discussion cessa. Puis un léger frôlement se fit entendre. Jiline leva la tête et aperçut Dina accroupie, la tête enfoncée entre ses genoux, penchée de manière que son collier pendait dans la fosse. Ses petits yeux brillaient comme des étoiles. Elle retira de sa manche deux galettes au fromage et les jeta à Jiline.

Jiline les prit et dit :

— Pourquoi n’es-tu pas venue plus tôt ? Je t’avais fait des jouets. Tiens, les voilà.

Et il les lui jeta l’un après l’autre.

Mais elle fit de la tête un signe négatif.