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— Laisse-moi me reposer un peu et boire. Puis nous mangerons notre galette… Nous ne sommes sans doute pas loin du but.

À peine Jiline s’était-il penché pour boire qu’un bruit se fit entendre derrière eux. Ils se rejetèrent dans le fourré et s’y couchèrent. Ils entendirent les voix des Tatars à cette même place où eux-mêmes avaient tourné la route. Après avoir causé, ils lâchèrent leurs chiens.

Un froissement de branches fit retourner les évadés. Un chien était en arrêt devant eux. L’animal aboya.

Les Tatars s’approchèrent du chien, aperçurent Jiline et Kostiline, les saisirent, les lièrent avec des cordes, les mirent sur leurs chevaux et les remmenèrent.

Au bout de trois verstes, ils rencontrèrent Abdul, accompagné de deux Tatars. Il s’entretint un moment avec ceux qui avaient capturé les évadés, fit placer ceux-ci sur ses chevaux et reprit avec eux le chemin du village.

Abdul ne riait déjà plus et ne soufflait mot. Ils arrivèrent dans la matinée. On laissa les prisonniers dans la rue. Les enfants se réunirent à grand bruit et se mirent à les martyriser à coups de pierres et de fouet, en poussant des cris aigus. Les Tatars formèrent un cercle auquel s’adjoignit le vieux de la montagne, et ils commencèrent à délibérer. Les uns disaient qu’il fallait les envoyer