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III

Jiline vécut ainsi, pendant un mois, avec son compagnon de captivité. Leur maître ne cessait de rire et de répéter : «Toi, Ivan, bon ; moi, Abdul, bon. »

Cependant, il les nourrissait très mal ; il ne leur donnait que du pain sans levain, fait de farine de millet et cuit en galettes. Souvent même, la pâte n’était pas durcie par le feu.

Kostiline avait écrit de nouveau chez lui. Il attendait toujours son argent et s’ennuyait. Il restait assis des journées entières dans le hangar, à compter quand arriverait sa lettre ou à dormir. Jiline, sachant fort bien que sa lettre n’était pas parvenue à son adresse, n’avait pas récrit. « Où ma mère prendrait-elle tant d’argent pour ma rançon ? pensait-il. Elle, qui vivait plutôt de l’argent que je lui envoyais. Si elle me donnait cinq cents roubles,