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arrêté et que son fusil avait raté. C’était ce même Abdul qui l’avait capturé.

Abdul se leva, et, montrant Kostiline, proféra quelques paroles. L’interprète leur transmit : que maintenant ils étaient tous deux au même maître et que le premier qui donnerait la rançon serait libre le premier.

— Voilà, dit-il à Jiline, tu t’emportes toujours ; ton compagnon est plus sage… Il a écrit chez lui pour qu’on lui envoie cinq mille pièces… Aussi sera-t-il bien traité. On ne lui fera pas de mal.

Jiline répondit :

— Mon compagnon agit comme il l’entend… Il est peut-être riche ; moi, je ne le suis pas… Pour moi, ce sera comme je vous ai dit. Si vous le voulez, tuez-moi ; mais alors vous n’aurez rien… Je ne veux pas demander plus de cinq cents roubles.

Après un silence, soudain, Abdul se leva vivement, prit une petite cassette, en sortit une plume, du papier, de l’encre, tendit le tout à Jiline, et, lui tapant sur l’épaule, lui fit signe d’écrire. Il acceptait les cinq cents roubles.

— Attends, fit Jiline à l’interprète. Dis-lui d’abord que nous entendons bien manger, être bien vêtus, demeurer ensemble, afin de moins nous ennuyer. Enfin, il faut nous débarrasser de ces morceaux de bois.

Il regarda Abdul et sourit. Celui-ci répondit par un sourire. Il écouta la réponse de Jiline et dit :