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— Mais comment retourneras-tu chez toi ?

— Je crierai : Ossip ! Ossip ! viens me chercher ! Il viendra sur le bord et me prendra.

— C’est bien, mais reste au moins chez moi cette nuit, dit la mère.

Mascha se coucha et s’endormit ; et la mère prit une hache et alla au bord de l’eau. Là, elle cria :

— Ossip ! Ossip ! viens ici !

La couleuvre vint sur le bord. Alors la mère, d’un coup de hache, lui trancha la tête : l’eau se teignit de son sang.

La mère retourna à la maison. Mascha venait de s’éveiller. Elle lui dit :

— Je vais maintenant retourner chez moi, petite mère ; je m’ennuie.

Et elle s’en alla ; elle prit sa petite fille dans ses bras et son fils par la main.

Lorsqu’elle fut près de l’eau, elle appela :

— Ossip ! Ossip ! Viens me chercher !

Mais personne ne sortit. Elle vit que l’eau était rouge et à la surface flottait la tête de la couleuvre.

Alors Mascha embrassa ses enfants et leur dit :

— Si vous n’avez plus de père, vous n’aurez plus de mère. Toi, ma fille, sois hirondelle ! vole au-dessus des eaux ; et toi, mon fils, sois rossignol ! chante à l’aurore ; quant à moi, je serai coucou et pleurerai mon mari mort. Et tous trois s’envolèrent en différentes contrées.