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qui ne tire pas pour ne pas manquer son coup. C’est-à-dire que tout, du commencement à la fin, est absurde et n’importe quel enfant de paysan pourrait en remontrer à l’auteur de cette petite histoire si on l’autorisait à parler sans avoir à lever la main.

Ensuite, dans les Leçons de M. Bounakov[1], on rencontre une série de soi-disant exercices composés de demandes telles que celles-ci : Qui prépare le pain ? Qui coupe le bois ? Qui se sert du fusil ? Et l’élève doit répondre : Le boulanger ; le bûcheron ; le tireur, tandis qu’il peut répondre avec la même exactitude que c’est la femme qui prépare le pain, la hache qui coupe, le maître qui tire s’il a un fusil. C’est tout aussi arbitraire que cette phrase : le pharynx est une partie de la bouche, etc.

Tous les autres exercices sont de ce genre : « Les canards volent et que font les chiens ? » Ou : « Le tilleul et le bouleau sont des arbres, et qu’est le cheval ? » Ils sont tous absolument inutiles.

En outre il faut remarquer que si les entretiens de cette sorte avec les élèves sont considérés en effet comme des causeries (ce qui n’arrive jamais), c’est-à-dire si l’on permet aux élèves de parler et de poser des questions, alors le maître, même sur les sujets les plus simples (et ils sont ordinairement très difficiles), reste cloué à chaque pas, soit par

  1. Leçons de lecture de M. Bounakov, liv. III, p. 10.