Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comment elles pouvaient arriver jusqu’à moi.

Longtemps je ne pus le comprendre ; enfin, regardant au plafond, je vis une punaise qui s’y promenait, et, lorsqu’elle fut au-dessus du lit, elle se laissa tomber.

— « Non, pensai-je, je ne suis pas aussi rusé que vous ! »

Je mis ma pelisse et sortis dans la cour.


Le Juge équitable.
Conte.

Le roi d’Alger, Bouakas, avait entendu dire que dans une certaine ville, il existait un juge d’une équité extraordinaire ; ce juge, disait-on, reconnaissait infailliblement la vérité, au point que pas un fripon ne pouvait lui échapper.

Bouakas voulut se rendre compte par lui-même si cette affirmation n’était pas exagérée. Il se déguisa donc en marchand, monta à cheval et se rendit à la ville où vivait le juge. À peine entré dans cette ville, un infirme s’approcha de lui et lui demanda l’aumône. Bouakas lui donna quelque chose et il allait poursuivre sa route, quand l’infirme le saisit par les vêtements.

— Que veux-tu ? lui demanda le roi. Ne t’ai-je pas fait l’aumône ?

— Oui, tu m’as fait l’aumône, reprit le mendiant, mais fais-moi encore la grâce de m’emmener sur