Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/259

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Quant à vous, voici les ailes, car vous vous envolerez bientôt de la maison.

Et prenant toute l’oie, il ajouta :

— Et le reste est pour moi.

Le seigneur sourit et donna au paysan du pain et de l’argent.

Un riche paysan, ayant appris que le seigneur avait donné à un paysan de l’argent et du pain pour une oie, fit rôtir cinq oies et les lui porta.

Le seigneur lui dit :

— Merci pour tes oies ! mais je suis bien embarrassé, car avec ma femme et mes enfants nous sommes six ; comment partager tes cinq oies entre nous ?

Le riche paysan réfléchit, mais ne trouva pas de solution. Le seigneur envoya alors chercher le pauvre paysan et lui ordonna de faire le partage. Notre homme prit une oie pour le seigneur et sa femme et dit :

— Vous voilà trois ensemble avec cette oie. Il en donna une autre aux fils et leur dit :

— Vous serez trois avec cette oie.

Puis il en donna une aux filles et leur dit : — Et vous aussi, vous serez trois.

Alors prenant pour lui les deux oies qui restaient, il ajouta :

— Et nous aussi nous serons trois.

Le seigneur sourit, donna encore de l’argent au pauvre paysan et renvoya le riche.