ment de la neige, l’ours continuait à me déchirer.
Quant à Démian, étant sans fusil, sans autre arme qu’une branche sèche, il avait lancé le petit chien en criant :
— Il dévore le seigneur ! Il dévore le seigneur !
Puis, courant à l’ours, il criait :
— Que fais-tu, canaille ! Lâche-le ! Lâche-le !
L’ours écouta, me lâcha et partit. Lorsque je me relevai, il y avait sur la neige autant de sang que si l’on eût saigné un mouton. Au-dessus de mes yeux, la chair pendait par lambeaux ; mais, dans l’entraînement de la lutte, je ne sentais pas la douleur.
Mon compagnon arriva ; nos gens s’assemblèrent ; on examina ma plaie, on la frotta avec de la neige. Moi, oubliant mes blessures, je demandai :
— Où est l’ours ? De quel côté est-il allé ?
Soudain les cris : Le voilà ! Le voilà ! retentirent.
Et nous voyons l’ours s’élancer de nouveau dans notre direction. Nous nous précipitons sur nos fusils, mais avant que personne ait pu tirer, il a déjà passé, en courant. Ivre de rage, il revenait sans doute pour achever sa proie ; mais, à la vue de tant de monde, il avait eu peur.
Nous remarquâmes, à la piste, que le sang coulait de la tête de l’ours. Nous voulûmes nous mettre à sa poursuite, mais ma tête commençait à me faire souffrir, et nous partîmes pour la ville, à la recherche d’un médecin.