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Makar Sémionov demanda :

— Et pour quels péchés ?

— C’est que je le méritais, répondit simplement Aksénov.

Il ne voulut rien dire de plus. Mais ses compagnons racontèrent aux nouveaux pourquoi Aksénov était en Sibérie : ils dirent que pendant un voyage quelqu’un avait assassiné un marchand et placé dans les effets d’Aksénov un couteau taché de sang, et qu’il avait été, de ce fait, injustement condamné.

Quand Makar Sémionov entendit cela, il jeta un regard sur Aksénov, se frappa les genoux avec les mains et s’écria :

— Ah ! quelle rencontre ! En voilà un prodige ! Ah ! tu as bien vieilli, grand-père !

On lui demanda la cause de son étonnement, où il avait vu Aksénov, mais Makar Sémionovitch ne répondit point, il se contenta de dire :

— C’est extraordinaire, frère, que le sort nous ait réunis ici.

Aksénov comprit, par ces mots, que cet homme devait être l’assassin. Il lui dit :

— As-tu déjà entendu parler de cette affaire, Sémionov, ou bien m’as-tu déjà vu autre part ?

— Comment si j’en ai entendu parler ! Tout le monde en a parlé ; mais c’est déjà vieux et j’ai oublié ce qu’on m’en a dit, fit Makar Sémionov.

— Tu as peut-être appris qui a tué le marchand ? demanda Aksénov.