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homme. L’affaire fut jugée. On l’accusait d’avoir tué le marchand de Riazan et de lui avoir volé vingt mille roubles.

La femme d’Aksénov était au désespoir. Ses enfants étaient tout petits : l’un d’eux était encore à la mamelle. Elle les prit tous avec elle et se rendit à la ville où son mari était emprisonné. D’abord on lui refusa de le voir, puis, sur ses instances, on le lui permit. Quand elle aperçut son mari en tenue de prisonnier, enchaîné, confondu avec des brigands, elle tomba sur le sol et resta longtemps sans connaissance. Puis elle plaça ses enfants auprès d’elle, s’assit à côté de son mari, lui rendit compte des affaires de la maison et lui demanda le récit de tout ce qui était arrivé. Il lui raconta tout et elle demanda :

— Que faire à présent ?

Il répondit :

— Il faut supplier le tzar. Ce n’est pas possible qu’un innocent soit puni !

Sa femme lui dit qu’elle avait déjà adressé une supplique au tzar, et que, probablement, elle ne lui aura pas été transmise.

Aksénov ne répondit pas et resta accablé. Sa femme lui dit :

— Mon rêve ne me trompait pas, te souviens-tu, je te voyais avec des cheveux blancs. Te voilà, en effet, tout blanchi par le chagrin. Tu n’aurais pas dû partir, comme je te le demandais.