Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Novgorod. Comme il faisait ses adieux aux siens, sa femme lui dit :

— Ivan Dmitritch, ne t’en va pas aujourd’hui. J’ai fait un mauvais rêve à ton sujet.

Aksénov se mit à rire et dit :

— Tu as toujours peur que je ne fasse la noce à la foire !

La femme répondit :

— Je ne sais pas au juste, moi-même, de quoi j’ai peur. Seulement j’ai fait un mauvais rêve. Tu revenais de la ville, tu ôtais ton bonnet, et tout à coup… je voyais ta tête toute blanche.

Aksénov continua de rire.

— Eh bien ! C’est bon signe, dit-il. Sois tranquille, je ferai de bonnes affaires et t’apporterai de beaux cadeaux.

Il dit au revoir aux siens et partit.

À moitié chemin il rencontra un marchand de sa connaissance, ils s’arrêtèrent ensemble pour passer la nuit. Ils prirent le thé de compagnie et allèrent se coucher dans deux chambres contiguës. Aksénov dormit peu. Il se réveilla au milieu de la nuit, et, pour voyager plus à son aise, pendant la fraîcheur, il fit lever le postillon et lui donna l’ordre d’atteler. Puis il entra dans l’isba chauffée, paya le patron et partit.

Après avoir parcouru une quarantaine de verstes, il s’arrêta de nouveau pour laisser manger les chevaux, lui-même se reposa dans l’auberge,