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Ce qu’il advint de Boulka à Piatigorsk.

Du bourg cosaque je ne retournai pas tout droit en Russie ; d’abord je m’arrêtai à Piatigorsk et y passai deux mois. J’avais fait présent de Milton à un cosaque chasseur, et j’emmenais Boulka avec moi à Piatigorsk.

La ville de Piatigorsk (Cinq-Montagnes) est ainsi nommée parce qu’elle se trouve sur le mont Bech-Taou ; Bech, en tartare, signifiant cinq, et Taou, montagne. De cette montagne sort une source thermale sulfureuse, qui a la température de l’eau bouillante ; au-dessus de l’endroit où coule l’eau, la vapeur se dégage constamment comme au-dessus d’un samovar. La ville est dans un site des plus riants ; de toute la montagne coulent des eaux thermales ; une petite rivière, la Podkoumok, serpente dans la vallée ; sur les cimes des montagnes, des forêts ; autour de la ville, des champs ; au loin, la vue embrasse les grandes montagnes du Caucase. La neige ne fond jamais sur ces montagnes, elles sont toujours blanches comme du sucre. La plus haute, l’Elbrouz, pareille à un blanc pain de sucre, se voit de partout quand le temps est clair. On vient prendre des eaux à Piatigorsk ; au-dessus des sources thermales s’élèvent des villas, des kiosques entourés de jardins et de sentiers. Le matin, la musique joue ; on boit des verres d’eau,