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espérant qu’il allait venir à mon aide, mais il continuait à causer avec son camarade et, sans me regarder, répétait de temps en temps :

— Est-il brave, ce cavalier !

J’étais tout à fait penché et j’avais très peur. Je me croyais perdu. Mais crier, quelle honte ! Une dernière secousse de Tchervontchik me désarçonna et je roulai par terre.

Alors le cheval s’arrêta. L’écuyer se retournant s’aperçut que je n’étais plus en selle :

— Tiens, voilà que mon cavalier est tombé ! dit-il.

Et il s’approcha de moi. Quand je lui eus dit que je n’étais pas blessé, il se mit à rire et dit :

— C’est élastique, un corps d’enfant !

J’avais envie de pleurer. Je demandai qu’on me remît en selle ; on m’y remit et je ne tombai plus.

Nous allâmes au manège deux fois par semaine, aussi j’appris bientôt à me tenir à cheval suivant les règles, et je n’eus plus peur.


Le Saule.

Au temps de Pâques, un paysan partit voir si la terre était dégelée.

Il sortit dans le potager, et, de la pointe d’un pieu, tâta le sol. Il constata qu’il s’était amolli. Le paysan s’en fut dans la forêt. Là, les bourgeons des saules se gonflaient déjà. Et le paysan pensa :