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conque, égaliser le sort de ses deux fils. Le marchand l’écouta et ne fit pas connaître sa décision. Un jour, la mère était assise à la fenêtre et pleurait. Un pèlerin s’approcha de la fenêtre et lui demanda la cause de ses larmes. Elle lui dit :

— Comment ne pas pleurer ; j’ai deux fils qui me sont aussi chers l’un que l’autre et le père veut donner tout à l’un et rien à l’autre. J’ai demandé à mon mari de ne rien dire aux enfants jusqu’à ce que j’aie inventé un moyen d’aider au cadet, mais je n’ai pas d’argent à moi et ne sais comment remédier à cet état de choses malheureux.

Le pèlerin lui dit :

— C’est très facile d’y remédier : fais connaître à tes fils que l’aîné aura toute la fortune et que le cadet n’aura rien, alors leurs parts seront égalisées.

Quand le fils cadet apprit qu’il n’aurait rien, il partit à l’étranger, y étudia les sciences et les arts, tandis que l’aîné vivait auprès de son père, n’apprenant rien, puisqu’il savait qu’il serait riche.

Quand le père mourut, l’aîné ne savait rien faire et il dépensa toute sa fortune ; le cadet, au contraire, gagna de l’argent à l’étranger et devint très riche.


L’Ours sur le chariot.

Un montreur d’ours s’arrêta devant un cabaret.