Un lièvre dit une fois à un chien courant :
— Pourquoi aboies-tu quand tu cours après moi ? Tu m’attraperais beaucoup plus vite, si tu courais en silence. Par ton aboiement, tu me jettes seulement sur le chasseur : il entend où nous courons, il accourt à notre rencontre avec un fusil pour me tuer, et il ne te donne rien à toi.
Le chien dit :
— Ce n’est pas pour cela que j’aboie. J’aboie seulement parce que ton odeur m’irrite et que je me réjouis à la pensée que je vais t’attraper. Et, je ne sais moi-même pourquoi, mais je ne puis me retenir d’aboyer.
Un vieux chêne avait laissé tomber un gland sous les ramures d’un noisetier. Le noisetier dit au chêne :
— N’as-tu pas assez de place sous tes branches ? Tu pourrais jeter tes glands ailleurs, j’ai à peine assez de place pour mes pousses, et moi, je ne jette pas mes noisettes à terre, je les donne aux hommes.
— Je vis deux cents ans, répondit le chêne, et le petit chêne qui sortira de ce gland, vivra ce même temps.