Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cheval de devant tirait bien, l’autre s’arrêtait. On ajouta dans le chariot de devant les fardeaux qui se trouvaient dans celui de derrière. Quand on eut tout transporté, le cheval de derrière dit à l’autre :

— Fatigue-toi, et couvre-toi de sueur, plus tu travailleras, plus on te tourmentera.

Quand on fut à l’auberge, le patron se dit :

— Pourquoi diable nourrirais-je deux chevaux, il n’y en a qu’un qui travaille ? Il vaut mieux que je nourrisse celui-là et que je tue l’autre ; au moins, j’utiliserai sa peau.

Ce qui fut dit fut fait.


La Hache et la Scie.

Deux paysans partirent dans la forêt chercher du bois. L’un avait une hache, l’autre une scie. Ils choisirent un arbre et se mirent à discuter. L’un dit :

— Il faut abattre l’arbre.

Et l’autre :

— Il faut le scier.

Un troisième paysan intervint :

— Je vais vous mettre d’accord, dit-il ; si la hache est tranchante, mieux vaut le couper ; si la scie est affilée, mieux vaut le scier.

Il prit la hache et se mit à frapper l’arbre, mais la hache était si émoussée qu’elle ne pouvait rien couper.