Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

œuvre qui demande un travail personnel, persévérant et la connaissance du peuple.

Et les écoles où l’on apprend à lire et à écrire, dans la mesure où cet art est nécessaire au peuple, existent en nombre suffisant. Ces écoles sont nombreuses chez nous par cette raison que les maîtres de ces écoles ne peuvent transmettre, de leur science, rien de plus que l’art de lire et d’écrire et que le peuple a besoin de connaître cet art, en certaine proportion, pour des résultats pratiques : lire une enseigne, inscrire un nombre, lire, moyennant salaire, les prières des morts, etc. Ces écoles existent comme les ateliers de tailleurs et de menuisiers, et même l’opinion du peuple et la méthode des instituteurs sont identiques : de même l’élève apprend sans le remarquer, de même le contremaître envoie l’apprenti faire ses commissions — chercher de l’eau-de-vie, couper le bois, de même l’apprentissage a une certaine durée. Comme dans le métier, cet art ne s’emploie jamais pour l’instruction à un degré supérieur, mais seulement pour un but pratique. Le sacristain ou un ancien soldat enseignent, et le paysan envoie l’un de ses trois fils apprendre à lire et à écrire comme il l’enverrait apprendre l’art de tailler, et le besoin de l’un et de l’autre est satisfait. Mais voir en cela un certain degré d’instruction et, se basant là-dessus, construire une école publique, convaincu que les défauts de pareille école ne résident que dans les défauts de l’institu-