Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mode pour la classe ouvrière que d’autres moyens d’instruction qui nous sont dévoilés maintenant ; peut-être que l’avantage principal de l’instruction qui commence par l’enseignement de la lecture et de l’écriture et consiste en la possibilité de transmettre la science sans ces moyens auxiliaires, n’existe pas en notre temps pour le peuple ; peut-être serait-il beaucoup plus facile, pour l’ouvrier, d’apprendre avec les objets qui lui sont familiers : — la botanique d’après les plantes, la zoologie d’après les animaux, l’arithmétique par le boulier compteur, — que d’apprendre d’après les livres ; peut-être que l’ouvrier trouvera le temps d’écouter un récit, de visiter un musée, une exposition, mais ne trouvera pas le temps de lire un livre ; peut-être même la méthode d’instruction par le livre est-elle absolument contraire à sa façon de vivre et à son caractère. Très souvent nous remarquons chez un ouvrier de l’attention, de l’intérêt et une compréhension très nette quand une personne, connaissant bien son sujet, lui raconte et lui explique quelque chose. Mais il est très difficile de s’imaginer ce même ouvrier, le livre dans ses mains calleuses, pénétrant le sens de la science vulgarisée pour lui sur deux feuilles imprimées.

Tout cela n’est que suppositions de causes qui peuvent être très erronées, mais le fait même de l’absence de littérature populaire et de l’hostilité du peuple contre l’instruction par les livres est commun