une explication, et cependant on ne pense y remédier
qu’en continuant à apprendre à lire et à écrire.
Toutes les questions vitales, en théorie, se résolvent,
extérieurement, facilement et simplement.
C’est seulement en pratique qu’elles paraissent insolubles
et se divisent en milliers d’autres difficilement
résolues. Il semble si simple, si facile
d’instruire le peuple, de lui apprendre, même par
force, à lire et écrire, de lui donner de bons
livres ! Et en pratique c’est tout autre chose. Le
peuple ne veut pas apprendre à lire et écrire. Eh
bien ! On peut l’y contraindre. Autre difficulté : il
n’y a pas de livres. On peut en commander. Mais
les livres commandés sont mauvais ; on ne peut
forcer personne à écrire de bons livres, et le principal
obstacle, c’est que le peuple ne veut pas lire ces
livres, et qu’on n’a pas inventé encore le moyen de
l’y obliger, et que le peuple continue de s’instruire
non dans les écoles primaires mais à sa manière.
Peut-être qu’au sens historique le temps de prendre part à l’instruction générale n’est pas encore venu pour le peuple. Il faudra peut-être encore cent ans pour que tous sachent lire et écrire ; peut-être le peuple est-il gâté, comme le pensent plusieurs, peut-être est-il nécessaire, pour qu’il y ait des livres, que le peuple les écrive lui-même ; peut-être n’a-t-on pas encore trouvé de meilleures méthodes ; peut-être aussi l’instruction par le livre est-elle un moyen d’instruction aristocratique, moins com-