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un article, ou bien à ouvrir une souscription pour l’édition d’un syllabaire selon la meilleure méthode, ou de la part des personnes qui tiennent leur propre méthode pour la meilleure, ou enfin, de la part de personnes ne s’occupant pas du tout de l’enseignement — du public qui répète ce que dit la majorité. Les hommes sérieusement occupés et instruits ne posent pas de pareilles questions.

Il paraît admis de tous, comme une vérité indiscutable, que le but de l’école primaire est l’enseignement de la lecture et de l’écriture, que la lecture et l’écriture sont le premier degré de l’instruction et que, par conséquent, il est nécessaire de trouver la meilleure méthode de cet enseignement. L’un vous dira que la méthode phonétique est très bonne, un autre affirme que celle de Zolotov est la meilleure, un troisième que celle de Lencaster est encore meilleure, etc. Seuls les paresseux ne se moquent pas de l’enseignement bouki-az-ba[1], et tous sont persuadés que pour répandre l’instruction dans le peuple il n’y a qu’à se procurer la meilleure méthode, payer trois roubles, louer une maison et un instituteur, ou donner soi-même une petite partie de son superflu d’instruction — le loisir du dimanche — au malheureux peuple qui croupit dans l’ignorance, et que l’affaire sera faite.

Des gens intelligents, instruits, riches se réuni-

  1. Ancienne épellation de l’alphabet slave.