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but final de l’instruction ? À quoi devons-nous préparer la jeune génération ? etc., etc. D’autre part, elle devient infiniment plus difficile. Il nous est nécessaire d’étudier toutes les conditions qui ont corroboré la concordance des aspirations de celui qui instruit et de celui qu’on instruit. Il nous faut définir ce qu’est cette liberté dont l’absence empêche la concordance de deux aspirations et qui, pour nous, est le seul critérium de toute la science de l’instruction. Il nous faut, pas à pas, avec une quantité innombrable de faits, avancer dans la solution des questions que nous pose la science de l’instruction.

Nous savons que nos raisonnements ne convaincront pas certaines gens ; nous savons que nos convictions fondamentales sont en ce que la seule méthode de l’instruction est l’expérience et son seul critérium, la liberté ; nous savons qu’aux uns cela paraîtra une banalité, aux autres une abstraction vague, à d’autres, enfin, un rêve chimérique. Nous n’oserions pas troubler la sérénité de nos pédagogues théoriciens et exprimer une opinion si contraire à l’opinion générale si nous devions nous borner à cet article. Mais nous sentons la possibilité, pas à pas, les faits en main, de prouver l’application et la légitimité de nos convictions si étranges, et c’est à ce seul but que nous consacrerons notre revue Iasnaïa Poliana.