Enfants, traduit par Tseytline et Jaubert et édité chez Albert Savine.
Le troisième article du présent volume des œuvres complètes de Tolstoï : Le projet du plan général de la création des écoles populaires, paraît en français pour la première fois.
Nous étions très pauvres, et demeurions au bout du
village. J’avais ma mère, une sœur aînée et ma grand’mère.
Grand’mère portait une vieille camisole, une
jupe, et couvrait sa tête d’un morceau de chiffon.
Grand’mère m’aimait et me gâtait plus que maman.
Mon père était soldat. On racontait de lui qu’il s’enivrait
et avait été renvoyé au régiment à cause de cela.
Je me rappelle, comme dans un rêve, qu’il venait chez
nous passer quelques jours. Notre isba était très étroite ;
au milieu, il y avait une perche d’étayage ; je me rappelle
qu’une fois, je grimpai sur cette perche, tombai et
m’ouvris le front sur le banc ; on voit encore la marque.
Dans l’isba, il y avait deux petites fenêtres, l’une était
toujours bourrée de guenilles. Notre cour était petite
et ouverte ; une vieille auge était au milieu ; dans la
cour, il n’y avait qu’un vieux petit cheval. Nous n’avions
pas de vache, seulement deux chèvres maigres et un
petit chevreau. Je couchais toujours avec le chevreau.