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rience ; je demandai aux meilleurs élèves de composer eux-mêmes la figure et de la dessiner au tableau. Presque tous faisaient à peu près les mêmes dessins, néanmoins il était intéressant d’observer le zèle des uns, le jugement des autres, et la construction originale des figures. Plusieurs de ces dessins répondaient entièrement aux caractères des élèves.

Chaque enfant porte en lui une tendance vers l’originalité qu’il est très nuisible de détruire, dans n’importe quel enseignement, et qui se montre d’une façon particulière par le mécontentement que lui donne la copie des modèles. Avec les moyens ci-dessus mentionnés cette indépendance, non seulement ne s’affaiblit pas, mais se développe et se fortifie de plus en plus.

Si l’enfant s’habitue à l’école à ne rien créer, dans la vie aussi il ne fera que copier, imiter, car bien peu nombreux sont ceux qui ayant appris à copier savent ensuite produire quelque chose d’original avec ce qu’ils ont appris.

En suivant toujours, dans les copies, les formes naturelles, et changeant souvent d’objets, — par exemple les feuilles de formes caractéristiques, les fleurs, la vaisselle, les ustensiles de ménage, — j’ai tâché d’éloigner de l’enseignement du dessin la routine et l’artifice.

Avec la plus grande réserve, j’ai commencé l’explication des ombres parce que l’élève qui com-