qu’ils y aillent jamais ? Et si Siomka avait besoin
d’y aller, qu’il ait appris ou non, il connaîtrait, en
pratique, cette communication par eau. Comment
peut-on développer ses forces spirituelles en lui
apprenant que le chanvre est expédié au sud, sur
le Volga, et le goudron au nord : qu’il y a un port
appelé Doubovka ; que telles et telles couches souterraines
vont jusqu’à tel endroit ; que les Samoyèdes
utilisent les cerfs pour les communications,
etc. ? Je ne puis m’imaginer cela. Je possède une
foule de connaissances en sciences mathématiques
et naturelles, en langue et poésie que je n’ai pas le
temps de transmettre. Une foule de questions sur
les phénomènes environnants de la vie me sont
posées par un élève ; il y exige une réponse ; il
faut lui répondre avant de dessiner les glaces
polaires, les pays tropicaux, les montagnes d’Australie,
les fleuves d’Amérique. Dans tout l’enseignement
de l’histoire et de la géographie, l’expérience
a le même résultat et confirme nos idées :
partout l’enseignement de la géographie et de l’histoire
est mauvais. En vue des examens, on apprend
par cœur les noms des montagnes, des villes, des
fleuves, des rois, des empereurs ; les seuls manuels
possibles restent ceux d’Arséniev et d’Obodovsky,
Kaïdanov, Smaragdov et Bertet et partout on se
plaint de l’enseignement de ces sciences, on cherche
quelque chose de nouveau, et l’on ne trouve pas.
Il est curieux que tous reconnaissent que l’ensei-
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