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de la sphéricité de la Terre et pas un seul ne croit en l’existence réelle de la Guadeloupe, et l’on continue à parler aux enfants de l’une et de l’autre.

Après la géographie physique, j’ai abordé l’étude des parties du monde en caractérisant chacune d’elles. Je n’en ai rien tiré, sauf des cris et, à chaque question, des interruptions naturelles : l’Asie ! l’Afrique ! l’Australie ! Et quand on demande tout à coup dans quelle partie du monde se trouve la France (une minute auparavant, j’ai expliqué que l’Angleterre et la France se trouvent en Europe), quelqu’un crie que la France se trouve en Afrique. La question : pourquoi ? se lit dans chaque regard éteint, dans chaque son de voix, quand on commence la géographie ; et il n’y a aucune réponse à cette triste question : pourquoi ? Comme pour l’histoire, l’idée ordinaire se fit jour : commencer la géographie par ce qui est le plus proche : par la salle de classe, par le village. J’ai vu ces expériences en Allemagne, et moi-même, découragé par l’insuccès de l’enseignement ordinaire de la géographie, je me suis mis à décrire la chambre d’une maison du village. Des exercices comme le dessin du plan ne sont pas inutiles. Mais il n’est pas intéressant d’apprendre quel pays se trouve derrière notre village, parce que tous savent très bien que c’est Télatinkï, et il n’est pas intéressant de savoir ce qu’il y a après Télatinkï parce qu’il y a probablement un village comme Télatinkï, et