leur apprendre à lire, à écrire, de leur expliquer
les phénomènes de la nature, de leur raconter,
comme dans les syllabaires, que les fruits de
l’étude sont doux ; mais les élèves ne me croyaient
pas et s’éloignaient de moi. J’essayai de leur lire
la Bible, et par elle, je les ai captivés entièrement :
le coin du voile était soulevé, et ils se donnaient à
moi complètement. Ils aimaient le livre, l’étude et
moi-même. Il ne me restait qu’à les guider plus
loin. Après l’Ancien Testament, je commençai à
leur raconter le Nouveau ; et ils se mirent à aimer
de plus en plus et l’étude et moi. Ensuite, je leur
ai raconté l’histoire générale, l’histoire de Rome,
l’histoire naturelle, après la Bible. Ils écoutaient
tout, croyaient tout, me demandaient de leur
raconter encore et encore ; et la perspective de
la pensée, de la science et de la poésie s’ouvrait
devant eux de plus en plus. C’était peut-être un
hasard, peut-être qu’en d’autres écoles, par d’autres
moyens, on atteint le même résultat. Mais le
même phénomène se produit dans toutes les écoles
et dans toutes les familles. Et l’explication de ce
phénomène est pour moi trop claire pour que je
consente à n’y voir qu’un hasard. Pour révéler à
l’élève le nouveau monde et lui faire aimer la
science, il n’y a pas d’autre livre que la Bible.
Je parle même pour ceux qui ne regardent pas la
Bible comme une révélation. Moi, du moins, je ne
connais pas d’œuvre unissant, à un tel degré que la
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