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l’école mais dans la vie. Là où la vie est instructive, comme à Paris, Londres, et, en général, dans les grandes villes, le peuple est instruit, et là où la vie n’est pas instructive, dans les villages par exemple, le peuple n’est pas instruit, bien que les écoles soient les mêmes ici et là. Le savoir qu’on acquiert dans les villes paraît rester, celui qu’on acquiert dans les villages se perd. La direction et l’esprit de l’enseignement du peuple des villes et des villages sont tout à fait indépendants et souvent contraires à l’esprit qu’on veut imposer aux écoles populaires. L’enseignement suit son chemin indépendamment de l’école.

L’objection historique contre le motif historique consiste en ceci : en examinant l’histoire de l’éducation, non seulement nous ne nous convainquons pas que le développement des écoles suit parallèlement le développement du peuple, mais, au contraire, nous nous convainquons qu’elles tombent et deviennent une simple formalité à mesure que les peuples se développent. Plus un peuple est avancé dans l’instruction générale, plus l’éducation est passée de l’école dans la vie, plus s’amoindrit l’importance de l’école. Sans parler de tous les autres moyens d’instruction : développement des relations commerciales, des voies de communication, de la grande liberté individuelle et de la participation de l’individu aux affaires de l’État, sans parler des réunions, musées, cours publics, etc., il