ou l’exposé, à l’usage du peuple, d’une science
naturelle quelconque en seize pages remplies à
moitié par les vocatifs caressants de l’auteur au
paysan. On donne à un enfant un pareil livre ; ses
yeux commencent à s’obscurcir et il se met à
bâiller : — « Non, Léon Nikolaïevitch, on n’y comprend
rien », dit-il ; et il rend le livre. Et pour qui
et par qui sont écrits ces livres populaires ? Cela
reste pour nous un mystère. De tous les livres de
cette sorte que nous avons lus, sauf Grand-père,
d’un certain Zolotov, qui eut beaucoup de succès à
l’école et dans les familles, il n’est rien resté. Les
uns sont tout simplement mauvais, mal écrits et
ne peuvent trouver de lecteurs parmi le public
ordinaire, c’est pourquoi on les dédie au peuple.
D’autres sont encore plus mauvais ; ils ne sont
point écrits en russe, mais en une langue nouvelle,
inventée, dans le genre de celle des
fables de Krilov.
Les autres sont des adaptations de livres étrangers destinés au peuple mais non des livres pour le peuple, et les seuls livres que comprend et goûte le peuple ne sont point écrits pour lui, mais par des auteurs nés du peuple. Ce sont des contes, des proverbes, des recueils de chansons, des légendes, des poésies, des énigmes et, ces derniers temps, le recueil de Vodovosov, etc.
On ne peut croire, sans en avoir fait l’expérience, avec quel désir toujours croissant le peuple lit tous