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autres suivaient et corrigeaient. Vous dérangiez tout si vous les sépariez : eux-mêmes se savaient de forces égales ; Tarass appelait impérieusement Dounka : — « Eh bien ! Viens ici lire, et toi, va avec le tien ! » Certains n’aiment pas du tout la lecture commune parce qu’ils n’en ont pas besoin.

L’avantage d’une telle lecture, c’est l’exactitude de la prononciation, le champ de compréhension plus large pour celui qui ne lit pas, mais qui suit. Mais ce moyen devient nuisible, comme tout autre du reste, dès qu’il se répand dans toute l’école. Enfin, encore un moyen, celui que nous préférons, le cinquième : c’est la lecture expressive, c’est-à-dire, la lecture d’un livre, avec l’intérêt et la compréhension de plus en plus développés. Tous ces procédés, comme nous l’avons dit plus haut, sont apparus d’eux-mêmes à l’école, et, en un mois, les progrès furent grands. La tâche du maître se réduit à proposer le choix de tous les moyens connus et inconnus qui peuvent faciliter la lecture à l’élève. Il est vrai qu’avec une certaine méthode — la lecture dans un même livre — l’enseignement est plus facile et plus commode pour le maître et offre une apparence de graduation et de régularité, tandis qu’avec notre système, la tâche paraît non seulement difficile mais, à certains, impossible. Comment, dira-t-on, donner précisément ce qu’il faut à un élève, et comment décider si le désir de chacun est légitime ? Comment ne pas s’égarer dans cette foule