Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il arrive ordinairement qu’un homme apprend à lire et n’a rien à lire et à comprendre : ici les élèves étaient convaincus qu’il y a des choses intéressantes à lire et à comprendre et qu’il ne leur manquait que de savoir ; et d’eux-mêmes ils tâchèrent d’apprendre à bien lire.

Maintenant la lecture mécanique est absolument abandonnée chez nous, nous agissons comme il a été dit plus haut : nous laissons à chaque élève la liberté d’employer tous les moyens qui lui semblent commodes, et, chose remarquable, ils emploient tous les procédés que je connais :

1o Lecture avec le maître ;

2o La lecture pour la lecture ;

3o La lecture et l’exercice de mémoire ;

4o La lecture en commun ;

5o La lecture expliquée.

Le premier moyen, qu’emploient toutes les mères, est, en général, le moyen de la famille plutôt que celui de l’école : l’élève vient trouver le maître et lui demande de lire avec lui. Le maître lit en indiquant chaque syllabe, chaque mot. C’est le moyen rationnel, irremplaçable, celui qu’exige avant tout l’élève, et que le maître, malgré lui, désire. Quels que soient les prétendus moyens de rendre mécanique l’enseignement de la lecture et de faciliter la tâche du maître ayant beaucoup d’élèves, ce moyen reste le meilleur et l’unique pour apprendre à lire couramment. Le deuxième moyen, aussi très en faveur, et