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riches qui viennent de trente à quarante verstes.

Nous avons eu jusqu’à quarante élèves, mais il est rare d’arriver à plus de trente présences. Les filles sont au nombre de trois ou cinq. Les garçons ont, en général, de six à treize ans. En outre, chaque année, trois ou quatre adultes viennent pour un mois, parfois pour tout l’hiver, et après quittent définitivement l’école. Pour les adultes qui viennent isolément à l’école, la vie de l’école est très incommode : par leur âge et le sentiment de leur dignité ils ne peuvent prendre part à son animation ; ils ne peuvent retenir leur mépris pour les petits gamins et ils restent tout à fait isolés. L’animation de l’école ne fait que les gêner. La plupart viennent sachant déjà quelque chose et convaincus que l’étude consiste à apprendre un livre dont ils ont entendu parler ou même qu’ils connaissent déjà. Pour aller à l’école, il leur faut vaincre leur crainte et leur timidité, tenir tête au mécontentement de la famille et aux moqueries des camarades. « En voilà un hongre qui vient apprendre ! » En outre, l’adulte sent toujours que chaque journée passée à l’école est perdue pour le travail, le seul capital, c’est pourquoi, tout le temps de la classe, il se trouve dans un état d’irritation, de fièvre, de zèle très nuisible à l’étude. À l’époque que je décris il y avait trois adultes, l’un d’eux est encore parmi nous. Les adultes, à l’école, ont l’air d’être à un incendie. Dès qu’ils finissent d’écrire, dès que,