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quand on pense combien les générations contemporaines se sont éloignées de cette forme ancienne de l’instruction qui leur a été inculquée, alors on ne peut comprendre qu’il y ait encore des écoles. Il nous semble que l’école devrait être un instrument d’instruction et, en même temps, une expérience pratiquée sur la jeune génération et qui fournirait toujours de nouveaux résultats. Quand l’expérience sera à la base de l’école, quand chaque école sera pour ainsi dire un laboratoire pédagogique, alors seulement, elle ne restera pas en arrière du progrès général, et l’expérience pourra apporter des bases solides à la science de l’éducation.

Mais l’histoire répondra peut-être à notre question vaine. Sur quoi se fonde le droit d’imposer l’instruction aux parents et aux élèves ? Les écoles existantes, dira-t-elle, se sont formées par la voie historique et c’est de même par la voie historique qu’elles doivent se perfectionner et se modifier conformément aux exigences de la société et du temps. Plus nous vivons, plus les écoles s’améliorent. À cela je répondrai : 1o Que les raisons exclusivement philosophiques sont aussi unilatérales et mensongères que les raisons exclusivement historiques. C’est la conscience de l’humanité qui forme l’élément principal de l’histoire et c’est pourquoi, si l’humanité reconnaît la non-conformité de ces écoles, alors ce fait de conscience sera déjà un fait historique principal sur lequel doit se baser