ont assez. « Si ça t’ennuie, va chez les petits ! »
disent-ils avec mépris. La classe d’instruction religieuse
est la seule qui se passe régulièrement, parce
que le maître habite à deux verstes et vient deux
fois par semaine. Pour la classe de dessin tous les
élèves sont réunis. C’est avant ces classes que l’animation,
les cris, le désordre extérieur sont le plus
intenses. Les uns traînent les bancs d’une salle à
l’autre, d’autres se battent, d’autres courent à la
maison chercher du pain ; les uns font griller ce
pain dans le poêle, d’autres arrachent quelque
chose aux camarades. Enfin, quelques-uns font de
la gymnastique et, de nouveau, comme le matin,
il est beaucoup plus facile de les laisser se calmer
d’eux-mêmes et rétablir l’ordre naturel que de l’imposer
par force. Avec l’esprit actuel de l’école, il
est matériellement impossible de les arrêter. Plus le
maître crie — cela est arrivé — plus les élèves
crient : la voix du maître ne fait que les exciter. On
les arrête ou, si cela ne réussit pas, on les entraîne
de l’autre côté, et cette petite mer commence à s’agiter
de moins en moins et enfin, à se calmer. Le
plus souvent même, il n’est besoin de rien dire. La
classe de dessin est la classe préférée de tous. Elle
a lieu à midi, quand tous ont déjà faim, après trois
heures de classe, et il faut transporter les bancs
et les tables d’une salle dans l’autre et c’est le
signal d’un terrible charivari. Mais, malgré cela,
dès que le maître est prêt, les élèves sont prêts
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