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temps de ce rapport qui, au moment de sa naissance, se trouvait en parfaite harmonie, et chaque pas, chaque heure, menace de détruire cette harmonie, et chaque pas suivant, chaque heure suivante menace d’une nouvelle brisure et ne donne pas d’espérance de rétablir l’harmonie brisée.

La plupart des précepteurs perdent de vue que l’âge où l’on est enfant, c’est le commencement de l’harmonie, et ils prennent pour but le développement de l’enfant, qui évolue indépendamment, selon des lois immuables. Le développement est pris à tort pour but parce qu’il arrive aux éducateurs ce qui arrive aux mauvais sculpteurs : Au lieu d’essayer de laisser l’enfant se développer librement et d’attendre une nouvelle circonstance capable de fixer son esprit et d’aider à ses progrès, les précepteurs agissent comme ces mauvais sculpteurs, qui, au lieu de retirer ce qu’il y a en trop, ajoutent de plus en plus ; les éducateurs paraissent ne se préoccuper que d’une chose ; ne pas arrêter le procédé de développement, et s’ils pensent à l’harmonie, ils tâchent toujours de l’atteindre en s’approchant de la norme inconnue pour nous et en s’éloignant de celle du présent et du passé.

Quelle que soit l’irrégularité du développement de l’enfant, les traits primitifs de l’harmonie restent toujours en lui. C’est encore en modérant le développement et non pas en l’aidant qu’on peut