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la méthode de Lancaster, pupilteachers. C’est pourquoi les écoles formées d’en haut et par force ne sont pas le berger pour le troupeau mais le troupeau pour le berger. L’école est établie non de façon qu’il soit facile aux enfants d’apprendre, mais de telle façon qu’il soit commode au maître d’enseigner.

Pour l’instituteur, les conversations, le mouvement, la gaîté des enfants, qui sont pour eux la condition nécessaire de l’éducation, ne sont pas commodes, et les écoles sont réglementées comme des établissements pénitenciers : les questions, les conversations, le mouvement sont défendus. Au lieu de se convaincre que pour agir avec succès sur un sujet quelconque, il faut l’étudier (et dans l’éducation, ce sujet est un enfant libre), ils veulent instruire comme ils le savent, comme il leur plaît et, en cas d’insuccès, ils veulent changer, non la méthode d’éducation, mais la nature même de l’enfant. De cette conception est dérivé, dérive encore (Pestalozzi) tel système permettant de mécaniser l’instruction. La tendance éternelle de la pédagogie est d’arranger les choses de telle façon que, quels que soient le maître et l’élève, la méthode reste la même. Regardez le même enfant à la maison, dans la rue, à l’école : tantôt vous voyez une créature pleine de vie, joyeuse, curieuse, le sourire dans les yeux et sur les lèvres, qui cherche à tout savoir, qui exprime clairement et