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rons un article spécial à expliquer pourquoi l’été, dans notre école, l’étude est impossible.

Fedka et les autres enfants vécurent chez nous une partie de l’été. Après s’être baignés et avoir joué, ils pensèrent à s’occuper un peu. Je leur proposai d’écrire une narration, et je racontai quelques sujets. Je leur racontai une très intéressante histoire de vol d’argent, l’histoire d’un meurtre, celle de la conversion miraculeuse d’un Molokan à l’orthodoxie, et je leur proposai encore d’écrire sous la forme autobiographique l’histoire d’un garçon dont le père, paresseux et débauché, est envoyé au régiment et qui en revient plus tard corrigé et bon.

— Moi, leur dis-je, voici comment j’écrirais : « Je me rappelle qu’étant tout petit j’avais un père, une mère et encore d’autres parents, et je décrirais quels gens c’était. Puis j’écrirais mes sonvenirs : comment mon père s’amusait et battait ma mère qui pleurait sans cesse ; ensuite comment il a été envoyé à l’armée, quels pleurs versa alors ma mère et quelle vie encore plus misérable nous vécûmes. Puis le retour du père, que je n’ai pas reconnu, et qui demanda : Matriona vit toujours ? — c’est sa femme — et enfin la joie de tous et le commencement d’une vie heureuse. » C’est tout ce que je leur dis.

Ce sujet plut beaucoup à Fedka. Immédiatement il prit le papier et la plume et se mit à écrire. Au cours de sa rédaction je lui soufflai seulement