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près les comptes rendus, mais d’après les faits réels.

En Allemagne, les neuf-dixièmes de la population scolaire emportent de l’école « le savoir lire et écrire » mécanique, et un si grand dégoût pour l’étude que, par la suite, ils ne prennent plus un livre en main. Que ceux qui croient le contraire me montrent les livres que lit le peuple : même Hebel de Bade, même l’almanach et les journaux populaires sont lus comme de rares exceptions. La preuve indiscutable du fait qu’il n’y a pas d’instruction pour le peuple, c’est qu’il n’y a pas de littérature populaire et, principalement, que pour envoyer à l’école la dixième génération il faut la même contrainte que pour la première. Outre qu’une pareille école inspire le dégoût de l’instruction, pendant ces six années elle habitue à l’hypocrisie et au mensonge qui découlent de la condition antinaturelle dans laquelle sont placés les élèves, et de cet embrouillement des conceptions qu’on appelle lecture et écriture. Durant mes voyages en France, en Allemagne, en Suisse, afin de me renseigner auprès des écoliers, pour connaître leurs opinions sur l’école et leur développement moral, dans les écoles primaires et en dehors des écoles, aux anciens élèves, j’ai posé les questions suivantes :

— Quelle est la principale ville de Prusse, ou de Bavière ?