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prouve pas le pouvoir gouvernemental auquel il obéit en allant à l’école. Les récits de ses camarades plus âgés que lui, qui ont passé par la même école, n’augmentent pas son désir d’y entrer. L’école se présente à lui comme une institution établie pour torturer les enfants, institution où on les prive de leur plaisir principal et des besoins de leur âge — le mouvement libre, où Gehorsam (l’obéissance) et Ruhe (la sagesse) sont les conditions principales, où même, pour aller quelque part, il faut une permission spéciale, où tout acte est puni par des coups de règle, — c’est-à-dire avec le bâton, bien qu’officiellement les punitions corporelles soient supprimées, — ou par la continuation du travail le plus pénible pour l’enfant — le pensum. C’est avec raison que l’école se présente à l’enfant comme une institution où on lui enseigne ce que personne ne comprend, où, pour la plupart, on l’oblige à parler non en son patois (Mundart), mais en une langue étrangère, où le maître, le plus souvent, voit en ses élèves des ennemis innés qui, par leur mauvaise volonté et par celle de leurs parents, ne veulent apprendre ce qu’il a appris lui-même, où, de leur côté, les élèves envisagent leurs maîtres comme des ennemis qui, uniquement par méchanceté, les forcent d’apprendre des choses difficiles.

Dans de telles institutions ils sont obligés de passer six années et six heures par jour. Quels doivent être les résultats, nous le voyons non d’a-